Cette histoire contée par les sages portent sur le sens de ce bas-monde et de l’au-delà.
Il était une fois, dans un pays lointain, un bateau qui hissa les voiles et qui se dirigea vers la mer pour un long et périlleux voyage.
Soudain, le bateau entra en collision avec un rocher difforme. Un grave naufrage survint ne laissant qu’un seul pauvre survivant. Ce dernier, bien qu’épuisé, ne lâcha point prise et nagea jusqu’à arriver dans les côtes d’une splendide mais étonnante île.
Quelle fut sa surprise lorsqu’il aperçut qu’une foule de gens s’attroupèrent autour de lui. Ils posèrent sur sa tête une éblouissante couronne et affirmèrent que dorénavant roi il sera !
Les semaines passèrent et le nouveau roi ne put résoudre cet énigme. Certes, ils avaient femmes, serviteurs, palais ,jardins, joyaux et perles mais il perdit également tout sens de quiétude.
« Je ne serai point serein si je ne découvre pas le secret de ces braves gens », jura-t-il une nuit.
Le lendemain matin, il questionna son grand vizir avec un air bien sévère.
« Honorable vizir, pourquoi, arrivé en naufragé sur votre majestueuse île, ai-je été fait roi alors que votre peuple ne me connaissait point ? », s’exclama-t-il.
« Je vous conjure de m’épargner de donner suite à une question dont la réponse vous peinera ! », répondit le vizir au grand cœur.
Suite à son insistance, le vizir expliqua au roi désespéré le pourquoi du comment.
« Cher roi, vous vivez dans une île dont le peuple choisit chaque année un roi qui gouvernera pendant un an. A la fin de son règne, il est jeté au milieu de la mer où il mourra noyé. Voici le destin qui vous frappera également. Et après vous, un nouveau roi sera désigné pour un an avant d’être lui aussi noyé. », détailla le vizir.
Le roi fut, à l’écoute de la réponse du vizir, étonné mais surtout attristé. Après deux jours et trois nuits de réflexion, le roi convoqua le vizir dans son jardin royal au mille et une fleurs.
« Cher vizir, je serai toujours le souverain des ces terres pour les quelques mois à venir. Mes demandes sont donc des ordres ? », demanda le roi.
« Oui, par Dieu ! Vous avez entre vos mains toute autorité sur cette île avant la noyade finale », s’écria le vizir.
« Si Dieu le veut, il ne sera point ainsi, cher vizir. Écoutez-moi bien. Non loin de cette île, existe une autre qui ressemble à tout point à la vôtre sauf qu’elle est plus petite. Vous y enverrez tous les types de matériaux ainsi que cinq milles ouvriers et paysans. Quant aux premiers, ils me construiront des palais aussi somptueux que majestueux. », dévoila le roi avec un sourire malicieux.
« Quant est-il des paysans, ô mon maître, que devront-ils faire ? », s’exclama le vizir assez surpris.
« Ne soyez pas impatient mon bon vizir. Les paysans auront pour ordre de travailler la terre jusqu’à ce que l’île soit pleine de fruits aussi succulents qu’impressionnants. Ils élèveront également du bétail car comme vous le savez, votre roi est friand de viande », ordonna le roi.
« Y-a-t-il autre chose, ô mon roi ? », dit le vizir.
« Oui, vizir, vous y enverrez toute source de jouissance. N’oubliez point les femmes, servants, joyaux, diamants, chevaux et aigles dressés. Il m’est désagréable de vivre sans. », ajouta l’heureux roi.
C’est ainsi que le vizir appliqua tous les ordres du roi. La deuxième île fut tellement belle que peu de gens y crurent et certains affirmèrent même que ce n’était que des chimères.
A la fin de son règne, le roi se fit accompagner vers le bateau avec un grand sourire. Contrairement à ses prédécesseurs, il n’était point inquiet ou triste de son départ. Certes, il fut directement jeté en pleine mer. Cependant, comme prévu, rapidement ses serviteurs le sauvèrent et l’emmenèrent dans sa nouvelle île.
On raconte qu’il y vécut jusqu’à la fin de ses jours sans jamais manquer de rien et que nul autre sur terre fut si heureux et joyeux.
Cher lecteur, sache que nous sommes tous comme le bon roi de ce fameux conte oriental. En effet, nous avons entre nos mains pendant une certaine période le pouvoir de décider de notre future vie. Si dans ce bas-monde nous obéissons aux ordres de Dieu et évitons de commettre ses interdits, l’au-delà ne sera que repos et confort avec un paradis qui dépasse de milles lieux l’île du roi. Préparons-nous donc comme l’a fait cet homme.
Dieu dit : « Et ceux qui avaient craint leur Seigneur seront conduits par groupes au Paradis. Puis, quand ils y parviendront et que ses portes s’ouvriront, ses gardiens leur diront: ‹Salut à vous! Vous avez été bons: entrez donc, pour y demeurer éternellement›. » (Coran 39:73).
L’imam Al-Hussein (as) rapporte que le Messager d’Allah (sawas) a dit : « Le fait de demander le bas-monde nuit à l’au-delà et le fait de demander l’au-delà nuit au bas-monde. Nuisez donc le bas-monde car il a la priorité d’être nui » (Al Kafi, vol 2, pg 131).
Mais si tu ne prépares rien pour l’au-delà, tu seras un roi mort noyé qui aura tout perdu sans avoir travaillé pour sa victoire dans la vie éternelle.
Dieu dit : « Et quant à ceux qui auront été pervers, leur refuge sera le Feu: toutes les fois qu’ils voudront en sortir, ils y seront ramenés, et on leur dira: ‹Goûtez au châtiment du Feu auquel vous refusiez de croire›. » (Coran 32:20).
Et louange à Dieu, le Seigneur des mondes.