L’extrême écrasante majorité des savants chiites anciens et contemporains ont affirmé que le coran a toujours été préservé et qu’il n’a jamais été falsifié. Oui, il y a eu une toute petite minorité extrémiste sur ce sujet qui a dit le contraire et parmi eux il y avait de très grands savants. Mais sur les 14 siècles de chiisme, l’avis majoritaire des savants chiites et de la masse chiite est celui que nous avons développé, avec l’aide de Dieu, dans cet article.
Sheikh Al-Saduq (m. en 992), l’un des plus grands anciens savants chiites, l’auteur et compilateur de l’un (« Man La Yahduruhu Al-Faqih ») des 4 livres fondamentaux du chiisme ainsi que d’autres livres (« Al-Tawhid », « Uyun akhbar Al-Ridha »,…) qui sont les sources de notre école, dit : « Notre croyance est que le coran qui a été révélé par Allah Le Très Haut au prophète Mohammad (sawas) est celui qu’on retrouve entre les deux couvertures. Il est celui qui est entre les mains des gens. Pas plus que ça. (…) Celui qui nous attribue l’affirmation que nous disons qu’il est plus que cela est un menteur. »
Al-I’tiqadat, d’Al-Saduq, page 84
Sheikh Al-Mufid (m. 1022), un très grand anciens savant chiite dont beaucoup de ses avis argumentés en Aqaed (dogme) ont fini par être les prépondérantes dans le chiisme dans les siècles suivants. Il dit : « Une partie des imamites a dit qu’il n’y pas eu omission d’un mot ni d’un verset ni d’une sourate mais ce qui a été établi dans le manuscrit d’Ali concernant l’interprétation (ta’wil) et l’exégèse (al-tafsir) des sens dans la vérité de sa révélation a été supprimé. Et ceci était établi et descendu. (…). Et chez moi, cet avis est plus véridique que celui qui dit qu’il y a eu omission des paroles mêmes du coran et non de l’interprétation. C’est vers cet avis que je tends et de Dieu j’implore la réussite. Quant à l’avis de l’ajout, il est clairement sans fondement sous un aspect et peut être possible sous un autre. (…) Je ne coupe pas mais je tends vers l’avis qui dit que le coran est préservé de cela et j’ai en argument un hadith d’Al-Sadiq Ja’far ben Mohammad (as). »
Awa’il Al-Maqalat, d’Al-Mufid, page 81
Le grand et érudit, le surnommé al-sharif Al-Mortadha (m. 1044), al-sayed Al-Mortadha ou Alam Al-Huda (l’emblème de la guidance). Il est le 12ème descendant direct du Prophète (sawas). Il est Ali fils de Hussein fils de Moussa fils de Mohammad fils de Moussa fils de Ibrahim fils de l’Imam Moussa Al-Kadhim (as). Sa mère, sayeda Fatima (rah), est la descendante d’Omar (as) fils de l’Imam Zayn Al-Abidin (as). Il est aussi le frère d’Al-Sharif Al-Radhi, le compilateur de Nahj el Balagha. Il a écrit beaucoup d’ouvrages qui ont été assez importants dans le développement du chiisme dans sa phase formative. Il était le savant chiite de cette époque qui a présenté le plus d’effort pour répandre l’avis de la préservation du coran avec arguments et preuves. Et il a été connu même chez les biographes et savants sunnites pour cela comme Ibn Hazm (même si ce dernier se trompe quand il dit qu’Al-Mortadha est le premier chiite qui rejette la falsification). Le mufasir (exégète) et savant chiite, Al-Tabarsi présente dans son « Majma’ Al-Bayan » l’avis d’Al-Mortadha et certains de ses arguments rationnels et historiques. Plus bas, nous allons mettre une partie de l’extrait d’Al-Tabarsi.
Sheikh Abu Ja’far Al-Toussi (m. en 1067), surnommé « sheikh al-ta’ifa » (« le chef du groupe », des chiites), l’un des plus grands anciens savants du chiisme, le compilateur de deux (« Al-Istibsar » et « Al-Tahdib ») des 4 livres fondamentaux du chiisme, il a aussi écrit de très nombreux ouvrages qui ont marqué la théologie, le tafsir et le fiqh chiite, dit dans le début de son tafsir du coran : « Le but de ce livre est la science de ses sens (au coran) et les arts de ses buts. Quant aux débats sur les rajouts et les omissions, cela n’est pas convenable envers le coran. Car en ce qui concerne l’existence de rajouts, elle est démentie unanimement. Quant à l’existence d’omissions, il ressort de la doctrine des musulmans, et c’est ce qui est le plus convenable et authentique pour notre doctrine, qu’elle est sans fondement. Et c’est ce qu’a soutenu al-Murtadha (…) »
Al-Tibian fi Tafsir Al-Qur’an, d’Al-Toussi, vol 1, page 3
Le grand savant chiite et exégète du coran, sheikh Fadl ben Hassan Al-Tabarsi (m. en 1153) dit : « Quant à insinuer que le Coran comporte des rajouts et des suppressions, cela ne mérite même pas d’être pris en considération. Car pour ce qui concerne un rajout dans le Coran, c’est unanimement écarté. Quant aux choses qui y manqueraient, certains de nos adeptes, et d’autres parmi les Hachawiyyah ont dit qu’il y a dans le Coran une modification ou une omission. Or, en réalité, notre école s’oppose à cela [à cette allégation]. C’est ce qu’a soutenu al-Murtadha (Qu’Allah sanctifie son âme). Il a traité de ce sujet d’une façon complète et détaillée dans « Jawâb al-Masâ’il al-Tarabulsiyyât ». Il a affirmé à ce propos que la certitude de l’exactitude de la transmission du Coran est comme la certitude quant à la connaissance des pays, des événements importants, des faits notables, des livres et des poèmes célèbres des Arabes… En effet, la transmission fidèle du Coran a été faite avec une motivation et un soin extrême qui n’ont été atteints dans aucun des autres domaines que nous venons de citer car le Coran était le Miracle de la Prophétie, la Source des sciences législatives et des statuts religieux. Les Savants Musulmans l’ont mémorisé et protégé à un tel degré qu’ils ont appris le moindre détail controversé concernant son analyse grammaticale et logique, sa lecture, ses lettres et ses Versets. Dès lors, comment serait-il possible qu’il y ait changement ou omission dans ce Coran malgré tous ces soins minutieux et tout ce souci méticuleux d’exactitude (…) Notre connaissance de l’exégèse du Coran et de ses détails, et de l’exactitude de sa transmission, est pareille à notre connaissance de sa globalité. Ce qui s’est passé avec le Coran sur ce plan est identique à ce qu’on a appris nécessairement sur les livres classiques célèbres, comme les livres de Sibawayh et d’al-Moznî. En effet, les spécialistes de ces livres les connaissent si bien, globalement et aussi dans les détails, que si un élément étranger au livre de Sibawayh était introduit dans une section de la grammaire, cela se saurait, serait mis à l’écart, et on saurait que ce détail a été ajouté et ne fait pas partie du texte originel. Il en va de même pour le livre d’al-Moznî. Or on sait que le soin avec lequel on a transmis dans l’exactitude le Coran est bien plus grand que le soin mis pour assurer l’exactitude du contenu du livre de Sibawayh et des recueils des poètes classiques… Le Coran a été compilé et transcrit à l’époque du Prophète sous la même forme que nous avons de nos jours entre nos mains. La preuve en est qu’à cette époque-là, on étudiait le Coran et on l’apprenait par cœur dans sa totalité. Il y avait même un groupe de Compagnons qui avaient la charge de le mémoriser, et le Prophète veillait lui-même au contrôle et à l’exactitude de la mémorisation. Des Compagnons tels qu’Abdullâh ibn Mas’ûd, Obay ibn Ka’b, et d’autres ont soumis au Prophète, à plusieurs reprises, leur mémorisation de l’intégralité du Livre Saint. Tout ceci donne la preuve irréfutable que le Saint Coran était déjà, du vivant du Prophète, compilé et mis en ordre, et qu’il n’a été ni amputé ni éparpillé (…) «
Et un autre passage intéressant : « Et si quelques imamites et rapporteurs de hadiths parmi les Hachawiyyah ne sont pas d’accord sur ce point, leur opinion ne compte pas, car ils font reposer leur point de vue sur des informations peu fondées qu’ils ont prises pour des hadiths sains. C’est pourquoi on ne saurait prendre en considération de telles informations au détriment de hadiths bien connus comme tout à fait sains. »
Tabarsi explique et confirme l’avis d’Al-Mortadha, que la miséricorde soit sur eux.
Tafsir Majma’ Al-Bayan, d’Al-Tabarsi, vol 1
Al-allamah Al-Hilli (m. en 1325) le grand et brillant faqih [N.B: le nassibi anthropomorphiste Ibn Taymiyyah a écrit son « Minhaj Al-Sunnah » en haine, pseudo-réfutation et pseudo-réponse d’al-allamah et ses œuvres] répond dans un de ses livres à la question qu’il lui a été posé : « Que dit notre sayed sur le Saint Livre ? Est-ce véridique chez nos savants qu’il lui manque des parties ou qu’il a subit des ajouts ou qu’il a un autre ordre ou rien de cela n’est véridique selon eux ? »
Sa réponse : « La vérité est qu’il n’a en lui aucune modification ni devancement ni dépassement (de l’ordre). Et qu’il n’a pas subit d’ajouts ou d’omissions. Et nous nous réfugions auprès de Dieu Le Très Haut d’une telle croyance et d’autres choses semblables car cela mène à la remise en cause au miracle du Messager (as) qui a été rapporté par le tawatur (de manière notoire) »
Ajwibat Al-Masa’il Al-Muhanawiyya
Pour finir, voici l’avis des deux savants qui ont marqué le chiisme du 20ème siècle.
Sayed Abu al-Qassim Al-Khoei (m. en 1992), le maître de la Hawza et le plus grand savant chiite du 20ème siècle, dit : « Ce qui est connu chez les musulmans est que la falsification n’a pas eu lieu dans le coran. Et ce qui se trouve entre nos mains est l’ensemble du coran révélé au grand Prophète (sawas). Et l’a déclaré beaucoup de grands savants. Parmi eux, le chef des rapporteurs, sheikh Al-Saduq Mohammad ben Babawayh et il considéra cet avis de la non-falsification du coran comme faisant partie des croyances des imamites. Et je dis aussi : l’avis de la falsification du coran est un avis d’imagination et de fantaisie. Ne peut l’adopter que celui dont la raison est faible ou celui qui n’a pas chercher correctement dans ses détails ou celui qui a eu l’amour (la passion) d’adopter cet avis. Et l’amour rend aveugle et assourdit. Quant à l’homme raisonnable, honnête et rechercheur, alors il ne doute guère de la fausseté et la fantaisie de cet avis. »
Al-Bayan fi Tafsir Al-Qur’an, d’Al-Khoei, page 259
L’imam Ruhollah Al-Khomeini (m. en 1989) le guide de la révolution iranienne, le grand connaisseur d’Ahl el Bayt (as) et le gnostique en quête dit : « Celui qui étudie l’attention qu’ont donné les musulmans dans la compilation du livre, sa préservation et sa fixation, que ce soit dans la lecture ou l’écrit, comprend la fausseté de ces prétendus narrations. Et ce qui a été rapporté des narrations sur cela – selon ce qu’ils ont soutenu – soit est faible et non-valable pour être un argument, soit inventé avec des traces le montrant et qui tournent autour, soit est bizarre et attire l’étonnement. Quant à l’authentique, alors c’est renvoyé au sujet de l’interprétation (al-ta’wil). La falsification n’a été faite que dans cela et non dans sa composition et ses expressions. Détailler tout cela nécessite l’écriture d’un livre complet sur l’histoire du coran et les niveaux qu’il a vécu tout au long des siècles. Il peut être résumé en disant que le Livre béni est exactement ce qui est entre les deux couvertures, sans ajouts ni omissions. »
Tahdib Al-Usul, vol 2, page 165