Le grand marja résidant de Qom, Sayed Sadiq Al-Rouhani (rah), a quitté ce bas-monde hier à l’âge de 96 ans. A cette occasion, nous présentons toutes nos condoléances à la communauté chiite ainsi qu’à la famille du défunt.
Le média Publications Chiites a publié aujourd’hui la biographie du marja pour que la communauté francophone puisse avoir connaissance du parcours de cet grand homme :
Ses débuts
Ayatullah Sayid Muhammad Sadiq Hussaini Ruhani (ra) est né durant le mois de Muharram de l’année 1345 de l’hégire (16 Juillet 1926), dans une famille de savants religieux, à Qom, en Iran.
Il commence l’apprentissage de la grammaire arabe très jeune, auprès de son père, l’Ayatullah Mahmud Ruhani (ra).
A l’âge de 10 ans, il quitte sa ville natale pour continuer ses études religieuses dans la ville Sainte de Najaf, en Iraq. Il était accompagné de son grand-frère, l’Ayatullah Muhammad Ruhani (1920-2007), qui lui aussi deviendra un marja’ plus tard.
En un an seulement, il arrive à terminer tout le cursus pour atteindre les cours supérieurs appelés « Bahth-al-Kharij », alors qu’il fait plus ou moins 10 ans pour atteindre ce stade. Ayatullah al’Uzhma Sayid Abul Qassim al-Khoei (ra), le professeur qui influera le plus sur lui, le conseille d’intégrer ces cours supérieurs alors qu’il n’a que 11 ans. C’est ainsi qu’à l’adolescence, il a commencé à côtoyer les personnalités les plus connues de son époque. Et très vite, il se fait remarquer pour sa capacité à apprendre, comprendre et à assimiler les cours de ses professeurs.
Durant ses années d’études, il a assisté aux cours de nombreux savants, dont :
-Ayatullah al’Uzhma Shaykh Kazhim Shirazi (ra)
-Ayatullah al’Uzhma Shaykh Muhammad Hussain Isfahani (ra)
-Ayatullah al’Uzhma Sayid Abul Hassan Isfahàni (ra)
-Ayatullah al’Uzhma Shaykh Muhammad Ridha Aal Yassin (ra)
-Ayatullah al’Uzhma Sayid Abul Qassim Khoei (ra)
-Ayatullah al’Uzhma Sayid Muhammad Hussain Tabatabaei Burujardi (ra).
Il a commencé à enseigner dès son jeune âge, dans la ville sainte de Najaf. Et après y avoir vécu durant 15 ans, il est revenu à Qom vers l’année 1951, et a continué à enseigner jusqu’à son décès. L’Ayatullah Ruhani était l’un des grands professeurs de Qom qui ont formé l’élite religieuse d’aujourd’hui.
Sa relation spéciale avec Ayatullah Khoei (ra)
Ayatullah Khoei (ra) était particulièrement fier de l’Ayatullah Ruhani, dû à son intelligence malgré son jeune âge. Alors que l’Ayatullah Ruhani n’a que 15 ans, Ayatullah Khoei atteste, à travers une lettre, de sa capacité à comprendre et à assimiler les textes et les cours les plus complexes, et loue son intelligence et sa minutie dans ses études. Après le retour de l’Ayatullah Ruhani à Qom, ils se sont échangés plusieurs lettres dans lesquelles Ayatullah Khoei (ra) lui atteste son affection et s’adresse à lui comme un père aimant ferait avec son fils. Dans une de ses lettres, Ayatullah Khoei dit à son élève : « votre honneur est mon honneur; après ma mort, ma vie continuera à travers vous […], vous êtes le résultat de mes années d’efforts […], je n’ai vu aucun bonheur dans ce monde, à part le fait de vous (ses élèves) avoir élevé et formé, vous qui êtes comme mes enfants et le fruit de mon cœur… ».
Parmi les dizaines de livres que l’Ayatullah Ruhani (ra) a écrits, le plus connu est un livre de 41 volumes intitulé : « Fiqh-us-Sadiq » (La jurisprudence de [l’Imam] Sadiq (as)). L’écriture de cet œuvre, qui est une encyclopédie complète de la jurisprudence chiite, a pris un peu moins de 30 années (de 1950 à 1977). Les plus grands savants de son époque, comme l’Ayatullah Burujardi et l’Ayatullah Khoei, s’en serviront dans leurs recherches. L’Ayatullah Khoei en était tellement fier qu’il l’a emmené chez l’Ayatullah Kàshiful Ghità et s’en est félicité en disant : « regardez quel grand service ai-je rendu au monde musulman, et quel grand savant ai-je formé! ». En 1971, l’Imam de la Mosquée Al-Azhar (la plus grande université sunnite, basée en Egypte), Shaykh Muhammad al-Fahhàm a envoyé une lettre à l’Ayatullah Ruhani afin de le complimenter pour ses efforts dans l’enrichissement du patrimoine islamique.
Après le décès de l’Ayatullah Burujardi (ra) en 1961, plusieurs savants ont demandé à l’Ayatullah Ruhani de proclamer son Marja’yiat (autorité religieuse). C’est ainsi que son livre « Tawdhih-ul-Massaël » a été publié; livre dans lequel figurent ses fatwas pour les croyants qui le suivent. Très connu dans les cercles intellectuels religieux, il ne l’était malheureusement que très peu en dehors du moyen-orient, alors même qu’il était au niveau des plus grands marjas de notre époque…
Deux de ses conseils
Quel est le moyen le plus rapide pour se faire pardonner ses péchés ?
« En s’éloignant des péchés, en n’y retournant pas, en regrettant ses fautes antérieures, en augmentant le demande de pardon et en accomplissant de bonnes actions, l’homme atteint le pardon et la grâce divine; car Allah a dit : « Dis : Ô Mes serviteurs ! Qui avez commis des excès et (avez ainsi agi) contre vous-mêmes, ne désespérez pas de la Miséricorde d’Allah. En vérité, Allah pardonne tous les péchés ! » (Sourate 39, verset 53).
Comment se rapprocher de l’Imam Mahdi (aj) ?
Saluez tous les jours l’Imam (aj), récitez plusieurs fois la dua-e-Faraj, que ce soit lors des qunut de la prière ou à n’importe quel moment. Donnez l’aumône (la sadaqah) en ayant l’intention d’éloigner les malheurs de l’Imam. Offrez-lui quotidiennement les récompenses (thawàb) de vos bonnes actions ainsi que celles de vos adorations; vous vous rapprocherez alors de lui et ressentirez sa présence.
Un homme de science
Il a servi les Ahlul Bayt (as) durant toute sa vie, en enseignant leurs sciences et en répandant leur message, jusqu’à ce vendredi 16 Décembre 2022 au soir, à l’heure du coucher du soleil, où il a rejoint ses Maîtres, les Ahlul Bayt (as), dans l’au-delà. Qu’Allah fasse alors miséricorde sur lui, et qu’Il le place avec eux au Paradis.
Son décès est, comme le dit ce hadith, une perte que rien ne pourra combler; Il est rapporté de l’Imam Ali ibn Abi Talib (as) : « Quand décède un savant, se crée dans l’Islam une brèche qui ne se fermera pas jusqu’au jour du jugement dernier. » {Al-Khissal volume 2 page 504}