Découvrez la petite communauté chiite de Buenaventura en Colombie

Deux journalistes de RFI, Najet Benrabaa et Sarah Nabli, ont mené une enquête sur une petite communauté chiite à Buenaventura en Colombie.

Buenaventura se trouve sur le côté pacifique du pays et est considérée comme l’une des villes les plus pauvres et violentes du pays. Depuis les années 1960, une petite communauté musulmane est née sous la direction de leur guide spirituel Munir Valencia. Cette communauté de 70 fidèles a suivi le chemin de Valencia, passant par la Nation de l’Islam américaine, le sunnisme puis enfin le chiisme duodécimain.

Dans le quartier populaire de la Playita, Cheikh Munir Valencia et sa femme ont fondé l’école Silvia Zaynab. Sur le fronton de l’établissement, une phrase de Sayed Ruhollah Khomeini : « Espérons qu’un jour les fusils se transforment en stylos ». 320 enfants, pour la majorité non-musulmans, sont inscrits dans cette école où ils poursuivent une scolarité normale et laïque. En d’autres mots, c’est une école conventionnelle et normale, et non religieuse.

« Ce n’est pas une école coranique, nous n’avons que cinq enfants musulmans et les autres sont catholiques, explique le Cheikh Munir Valencia. Nous leur apprenons seulement quelques mots en arabe et de bonnes pratiques d’hygiène. Nous leur montrons qu’il existe d’autres fois et qu’il faut être tolérant ».

Cheikh Munir Valencia et sa femme ont aussi fondé une autre école de 110 enfants ainsi qu’un centre culturel qui inclut la mosquée de la communauté. Valencia ne donne pas de détails mais selon les journalistes de RFI, il semblerait qu’il soit aidé par l’Iran pour le financement de ces établissements.

Sur le fronton de l’école Silvia Zaynab, une citation de Sayed Khomeini : « Espérons qu’un jour les fusils se transforment en stylos » (ojala llegue el día en que los fusiles se transformen en lápices)

Un très long trajet avant d’arriver au chiisme

Comment s’est créée la communauté musulmane de Buenaventura ? Dans les années 1960, Esteban Mustafa Meléndez, un marin afro-américain membre de la Nation de l’Islam, une organisation politico-religieuse américaine dont l’idéologie est un mélange de nationalisme afro et de religion, arrive dans la ville et répand les enseignements de son organisation en convertissant plusieurs personnes et en donnant cours.

« Mustafa Meléndez venait tous les trois mois enseigner à quelques convertis le pouvoir des Noirs, tout ce qui se passait aux Etats-Unis, comment la nation noire allait s’étendre. Il était très radical. Le père de mon épouse était à fond dans ce mouvement. Moi, j’étais catholique, j’avais toujours voulu être prêtre. Et je me suis converti pour être avec ma femme », sourit Munir Valencia.

Par ailleurs, le discours trop identitaire de la Nation de l’Islam ne l’attirait plus et l’homme avait soif de science. Il voyage donc à Buenos Aires, en Argentine, puis en l’an 2000, il remporte une bourse pour l’université de théologie de Qom en Iran. La hawza (université chiite) de Qom est, avec celle de Najaf, le plus important centre d’étude religieux chiite au monde.

Il reste 10 ans à Qom avec sa femme. « On m’a donné une maison pour vivre avec ma femme. J’avais les meilleures conditions pour apprendre. J’ai été le premier guide spirituel en Amérique latine diplômé d’Iran ».

Le début de la communauté chiite de Buenaventura

Après ses 10 ans d’études à Qom, cheikh Valencia retourne à Buenaventura. A son retour, la communauté musulmane lui ouvre les bras et l’incite à en devenir le guide spirituel. C’est ainsi que suite à leur invitation, il a accepté de prendre la direction des 70 fidèles de la communauté qui fréquentent la mosquée et qui sont devenus chiites.

Cheikh Valencia insiste sur les principes islamiques quand il s’agit de conversion. « Quand certains Colombiens ont commencé à voir réellement ce que signifie l’islam : que l’on ne peut pas boire d’alcool, sortir faire la fête, ne pas avoir des femmes mais une épouse. Là, cela a été plus dur pour eux de se convertir. Mais je suis radical là-dessus », ajoute-t-il.

Avec comme source : rfi.fr

Un commentaire

  1. Souleymane Diallo

    Merci pour ce reportage

    Allahoumma Salli Alâ Mouhammadin Wa Âli Mouhammad

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *