Le général saoudien avait déjà rencontré le futur directeur général du ministère des Affaires étrangères Dore Gold le 4 juin 2015 (Crédit : Groupe Debby Communications)

Un général saoudien visite Israël pour contrer l’Iran !

La semaine passée, Anwar Eshki, général saoudien à la retraite, directeur à Djedda (Arabie Saoudite) d’un centre d’études et conseiller familier des Al-Saoud a visité avec une délégation d’hommes d’affaires Israël en y rencontrant plusieurs responsables. Selon ce diplomate officieux, une solution à deux Etats empêcherait Téhéran de capitaliser sur la question palestinienne.

L’information qui avait commencée en tant que fuite a été confirmée pour finir par les médias israéliens, l’AFP et le ministère israélien des Affaires Etrangères. C’est la première visite officieuse d’un dirigeant saoudien en Israël qui devient médiatisée officiellement par les médias meanstreams.

Anwar Eshki est d’abord passé par Ramallah, afin de s’entretenir avec Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. Il s’est ensuite rendu à Jérusalem-ouest dans l’hôtel King David où il s’est entretenu avec Dore Gold, le directeur général du ministère des Affaires étrangères, et le général Yoav Morechaï, le coordinateur des activités gouvernementales en territoires palestiniens.

 La haine de l’Iran les rapproche

Comment ont-ils justifié ce rapprochement ? Une seule raison : la peur et la haine contre la République islamique d’Iran et de sa puissance régionale.

Il faut savoir que le 4 juin 2015, Dore Gold, nouvellement alors entré en fonction comme directeur général du ministère, a serré publiquement la main d’Anwar Eshki lors d’une conférence à Washington. Oui, les deux dirigeants préparaient déjà le terrain et les esprits pour une rencontre en Israël. Anwar Eshki avait alors déclaré à une chaîne israélienne ce jour-là que les deux pays « pourraient travailler ensemble dès qu’Israël annoncera qu’il accepte l’initiative arabe ».

Ce que Anwar Eshki appelle l’initiative arabe est en fait « l’initiative de paix saoudienne », présentée en 2002, à Israel qui n’y a jamais répondu. Ces derniers mois, Benyamin Nétanyahou a fait savoir qu’il était prêt à étudier une version largement amendée de ce plan, qui prévoyait la restitution aux Palestiniens des territoires occupés depuis 1967 pour qu’ils y installent leur Etat, en échange de la reconnaissance d’Israël par les pays de la Ligue arabe.

« Il n’y aura pas de paix quelconque avec les Etats arabes, a expliqué dimanche l’ancien général dans un entretien à la radio de l’armée israélienne. D’abord, il faut la paix avec les frères palestiniens. Si l’initiative de paix arabe est mise en œuvre, le royaume saoudien et les nations arabes normaliseront leurs relations avec Israël. »

Il a également rencontré des députés israéliens favorables à cette initiative. Les élus ont exprimé leur souhait de se rendre en visite officielle en Arabie saoudite et d’être reçus au palais royal.

«Si le conflit est résolu, les pays qui exploitent la question palestinienne, à savoir l’Iran, ne seront plus en mesure de capitaliser dessus» a-t-il rajouté  à la radio militaire israélienne faisant allusion au soutien apporté par l’Iran aux groupes de résistances palestiniens et libanais depuis 35 ans.

Anwar Eshki (au centre avec une cravate rayée) et d'autres membres de sa délégation, ont rencontré des membres israéliens de la Knesset et d'autres, au cours d'une visite en Israël, le 22 juillet 2016 (via twitter)
Anwar Eshki (au centre avec une cravate rayée) et d’autres membres de sa délégation, ont rencontré des membres israéliens de la Knesset et d’autres, au cours d’une visite en Israël, le 22 juillet 2016 (via twitter)

 

Ouvrir une ambassade saoudienne en Israël ?

Anwar Eshki, en avril 2016, lors d’un entretien avec la chaîne Al-Jazeera, avait assuré que l’Arabie saoudite était disposée à ouvrir une ambassade en Israël si Benjamin Netanyahu acceptait le plan de paix saoudien.

Alors le présentateur lui explique qu’il participera à la souffrance des palestiniens ce qui est en quelque sorte vu comme de la provocante collaboration de traître, Anwar Eshki avait alors répliqué : «Je dis aux Iraniens, vous soutenez les Palestiniens par les armes, mais nous les soutenons avec de l’argent. Lorsque nous les soutenons avec de l’argent, nous voulons qu’ils vivent bien, et vous, vous les fournissez en armes pour qu’ils se détruisent».

Il a essayé de nier mais…trop tard

Une fois de retour, Anwar Ashki a nié avoir tenu des entretiens et visites sur le territoire israélien. Trop tard, plusieurs médias israéliens et l’AFP l’ont bien confirmé avec des sources diplomatiques officielles.

Anwar avait déclaré au journal électronique Sabaq qu’il s’est dans les territoires palestiniens pour soi-disant « évoquer la situation des détenus palestiniens et consoler les familles des martyrs ».

« Ceux qui écrivent certains mots devraient s’assurer d’abord. Je n’ai pas visité Israël. Mais je suis parti à Ramallah sur une invitation des Palestiniens. Nous avons participé au mariage du fils de Marwane Barghouti , l’un des détenus et le symbole de la Resistance palestiniennes », a-t-il dit.

Malheureusement pour lui mais heureusement pour nous, les médias israéliens ont bien confirmé cette visite, le journal israélien Haaretz étant le premier.

Ensuite, l’AFP l’a confirmée ce dimanche, sur une note du ministère des Affaires étrangères qui a assuré que Ashki « a rencontré en Israël le directeur général du ministère des Affaires étrangères », Dore Gold.

Le Hezbollah condamne la visite qu’il décrit comme humiliante

Cheikh Qaouk, savant chiite libanais et dirigeant au Hezbollah, a vivement condamné la recontre israelo-saoudienne la qualifiant d'humiliante et rabaissante.
Cheikh Qaouk, savant chiite libanais et dirigeant au Hezbollah, a vivement condamné la recontre israelo-saoudienne la qualifiant d’humiliante et rabaissante.

 

La visite israélienne de Ashki a soulevé un tollé de contestations de la part de plusieurs factions palestiniennes et de nombreuses personnalités arabes dont le Hezbollah.

« Le rapprochement du régime saoudien (avec l’ennemi israélien) est source d’humiliation pour l’arabité. Alors qu’en revanche, les victoires de juillet 2006 ont embelli cette arabité par la dignité et la gloire », a déclaré le vice-directeur du bureau exécutif du Hezbollah, cheikh Nabil Qaouk ce dimanche lors d’une cérémonie d’obsèques dans un village du sud du Liban. Qualifiant la politique saoudienne de rapprochement avec l’ennemi israélien d’ « une offensive contre la Palestine et al-Quds (Jérusalem), un poignard dans le cœur de l’arabité et une atteinte aux deux sacro-saints de l’Islam ».

Il a rappelé: « le chef des renseignements israéliens a révélé depuis quelques jours que le régime saoudien a été un partenaire de l’offensive contre le Liban en juillet 2006. Il a fourni aux Israéliens des informations d’intelligence… Il est donc responsable du sang de nos gens tués dans cette guerre ».

« Ceci dévoile que ce régime (saoudien) se trouve aux côtés d’Israël depuis plus de 10 ans. Et c’est désormais confirmé davantage par la multitude de rencontres publiques, de visites et de contacts saoudo-israéliens », a ajouté cheikh Qaouk.

Selon lui, que de par sa politique, Ryad affaiblit la nation. « Tandis que nous la renforçons. Ils (les saoudiens) sont devenus un lourd fardeau pour la nation en raison de leur politique sectaire et communautaire agressive, alors que la Résistance est le symbole de la persévérance, de la puissance et de la confrontation contre l’ennemi israélien ».

Et cheikh Qaouk de conclure : « dix années après l’offensive israélienne contre le Liban, après près d’un an au lancement de la campagne contre le résistance par l’Arabie saoudite , économiquement, politiquement, médiatiquement et sécuritairement, la résistance se renforce de jour en jour… la situation en Syrie est bien meilleure qu’avant… Nous allons poursuivre sur la voie des victoires pour vaincre le projet takfiriste en Syrie, car ceci protège le Liban… »

 

– La rédaction Shiacity avec comme sources : AFP, Al-Manar et France Tv Info.

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