savants scientifiques musulmans Moyen-Âge
Une oeuvre de Mahmoud Hammad représentant des savants scientifiques musulmans du Moyen-Âge. Les trois devant, de gauche à droite : Al-Farabi, Ibn Sina (Avicenne) et Ibn Rushd (Averroès)

Quand le martyre de l’imam Hussein (Achoura) était commémoré en Andalousie musulmane

En général, la majorité d’Al-Andalus (l’Andalousie musulmane au Moyen-Âge) et des andalous musulmans étaient sunnites, de rite malékite ou zahirite et avec une bonne présence soufie. Ceci dit, plusieurs dynasties princières d’origine maghrébinne avaient été accusées d’appartenir au chiisme. Définir la réalité de la place du chiisme dans cette région à l’époque de la présence islamique en Espagne reste extrêmement difficile mais de toute manière le respect et l’amour d’Ahl el Bayt (as) atteint toutes les époques et terres même chez les non-chiites.

Le site At-Tawhid nous relate un passage du livre « A’mal-ul-A’lam » du philosophe, historien et vizir andalou Lissane Eddine ibn al-Khatib (mort en 1374) où ce dernier décrit des commémorations du martyre des maîtres des martyrs, l’imam Al-Hussein (as), à son époque en Andalousie.

Après avoir mentionné le massacre de Karbala, Lisan Ud Dîn Ibn Al Khatîb Al Gharanatî Al Andalusi dit :

« Le deuil et la tristesse pour Al Husayn perdure jusqu’à nos jours, et la pratique populaire du deuil rituel au cours de laquelle les gens se ressemblent, y consacrant une nuit et un jour entier, pour commémorer le jour de son martyr, est une coutume bien établie dans de nombreux pays. Cela est particulièrement le cas dans les régions orientales d’Al Andalus. Nos éminents Maîtres nous ont raconté le procédé particulier par lequel est commémoré [le martyr de Sayyidinâ Al Husayn et ses compagnons] à l’Est de Al Andalus. Entre autres choses, on allume des bougies, on distribue de la nourriture, on brûle de l’encens et on y récite des poèmes de lamentations (latmiyyah) en faveur de Al Husayn. Un exemple de ce genre de poème est celui déclamé par l’Imâm Abû Bahr Safwân Ibn Idrîs, qui en plus d’être un noble descendant du Prophète (via Al Husayn) et le fils de l’Imâm de la Grande Mosquée de la ville [de Murcie], était un expert dans les poèmes de lamentations en faveur de Al Husayn Ibn ‘Alî (qu’Allâh l’agrée) :

‘Que La Paix se répande sur la Noble Famille [du Prophète], telle une brise de roses, une famille au sein de laquelle la véritable guidance est enseignée. Que La Paix soit sur les descendants de Fâtimah, ceux qui furent massacrés. Leurs visages sont devenus telles des lunes et des étoiles bien pâles.
Que le meilleur de cette famille soit assassiné fut comme si ce fut le Prophète lui-même qui aurait été découpé en morceaux. Sur la terre de Kerbala, où il n’y eu aucune aide, mais seulement des larmes au combien précieuses. Même les sources de Zamzam et Hatîm pleurèrent sur leur sort. Leurs larmes parfumaient les rochers, Safâ, les angles de la Ka’bah et la Station de Ibrâhîm. La Pierre Noire qui se brisa annonçait l’angoisse dut à la tragédie, n’apercevez-vous pas combien elle pleure par l’intensité de sa noirceur ?! Le jardin entourant la [tombe du] Prophète pleura le jour de Muharram. Et même la chaire [du Prophète] et l’arbre pleurèrent sur eux d’une douleur que seuls ceux qui ont une conscience peuvent comprendre. Ces objets inanimés ont ainsi pu reconnaître le rang élevé [des Ahl Ul Bayt], au point que même [la grotte de] Hirâ° s’écroulerait en milles morceaux par humilité. Désormais les rois de toutes contrées et leur peuple ne reconnaissent plus le rang de la Famille du Messager d’Allâh, et ceci est une immense apostasie. (…)’

Avec de telles transgressions et de crimes de masse commis [contre la famille du Prophète], on ne peut pas s’empêcher de se demander : dans quel état sera Yazîd lorsqu’il rencontrera le Messager d’Allâh [lors du Jour du Jugement] tout en prétendant être un croyant, combien cela ne lui sera d’aucune aide ?! En effet, il n’y a aucun moyen de dissimuler l’ignorance de celui qui considère Yazîd comme faisait partie des califes d’Allâh, de l’héritier de Son Prophète, que ce soit par filiation, ses actes ou d’une quelconque autre manière. Car, en vérité, on ne peut pas prétendre être un vrai croyant à moins d’aimer le Prophète (ﷺ), sa famille, ses vertueux partisans, et d’honorer ceux que le Prophète aimaient et auprès de qui il était lié. Quant à ceux qui tuèrent son petit-fils et sa famille, traînèrent sa progéniture dans les rues en tant que captifs, réduirent les femmes bénies de sa famille en esclavage, ils ne peuvent, même de loin, être considérés comme croyants, même pas de loin. Et honte à celui (Abû Bakr Ibn Al ‘Arabî Al Ma’âfirî) qui clama que Yazîd était le détenteur légitime de l’autorité remontant au grand-père de Al Husayn ou bien qu’il était plus abilité de posséder cette autorité que Al Husayn lui-même !

Et certains de nos compagnons ont dit : si la peine légale à l’encontre de celui qui blasphème délibérément une mosquée ou même un minbar est sévère en vertu des règles de la sharî’ah, alors qu’en est-il de la punition que le meurtrier du petit-fils du Prophète mérite, surtout lorsque ce dernier manqua de respect à sa tête décapiée, y fourra son bâtonnet entre ses dents, maltraita ses enfants et fêta ouvertement leur malheur ?!

Louange à Allâh pour le fait que notre époque soit exempte d’une telle honte, et nous demandons à Allâh, par Sa Miséricorde, la préservation de notre vie et de notre mort. »

Fin de citation prise de : A’mâl Ul A’lâm du Shaykh Lisân Ud Dîn Ibn Al Khatîb

Source : At-Tawhid.net

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