Dans cet article, nous allons comparer le chiisme imamite duodécimain et le chiisme zaydite sur certains points. Pour se faire, nous allons nous concentrer sur les avis majoritaires et orthodoxes de ces deux courants. Concernant le zaydisme, nous allons prendre les avis du seul courant qui survécu aujourd’hui, à savoir le zaydisme installé par l’imam zaydite Yahya Al-Hadi ilal Haqq au Yemen au 10ème siècle ap. JC.
L’imamat
Les deux courants sont d’accord sur l’obligation de suivre le coran et les Ahl el Bayt (as), la sainte famille du Prophète (s), mais ils diffèrent sur l’identité, les caractéristiques et les conditions de l’imamat.
Pour les chiites duodécimains, après le Prophète (s), il faut suivre 12 imams, le premier étant l’imam Ali ibn Abi Taleb (as) et le dernier étant l’imam Al-Mahdi ibn Al-Askari (aj). Ils sont tous désignés directement par Dieu et il y a présence d’un nass (texte le prouvant). Dans les faits, chaque imam désignait son successeur qui était souvent testé lors de la mort de son père par les fidèles chiites avec des questions religieuses. Pour les imamites, l’imam doit être désigné par Dieu, être le plus savant et doit être infaillible.
Dans le zaydisme, la vision de l’imamat est assez différente. En effet, les zaydites considèrent que seulement les trois premiers imams – l’imam Ali (as) et ses deux enfants l’imam Hassan (as) et l’imam Hussein (as) – sont désignés directement par Dieu. Par ailleurs, seul les 5 membres d’Ahl Al-Kissa’ (le Prophète, Fatima, Ali, Hassan et Hussein) sont infaillibles. Après Al-Hussein (as), il n’y a plus de désignation de la part de Dieu. L’imamat revient alors à tout fatimi (descendant de Fatima) qui se présente aux gens en tant qu’imam demandant explicitement leur allégeance et qui rassemble les conditions : descendre du Prophète, être doté d’une immense science et pitié, être généreux et courageux, se révolter militairement en cas de tyrannie injuste,…
Les membres d’Ahl el Bayt (as) qui ont atteint un haut niveau de science mais qui n’ont pas réclamé l’imamat sont appelés les imams de la science. Par exemple, l’imam Jafar Al-Sadiq (as) rentre dans cette catégorie car il avait une très grande science mais n’a pas réclamé l’imamat politique selon les zaydites.
L’infaillibilité
Les zaydites et duodécimains ont été d’accord que les Ahl el Bayt sont infaillibles mais ils ont divergé sur la nature de cette infaillibilité et sur les personnes concernées.
Les duodécimains ont dit que les infaillibles d’Ahl el Bayt sont au nombre de 14 (le Prophète, sa fille et les 12 imams). Ils sont purifiés de tout péché.
Les zaydites ont soutenu que l’infaillibilité concerne seulement les gens d’Al-Kissa’ : Le Prophète, sa fille et les 3 premiers imams (Ali, Hassan et Hussein). Ensuite, il faut savoir qu’ils considèrent que l’unanimité des savants et imams d’Ahl el Bayt est infaillible : ils ne peuvent être tous d’accord que sur les avis véridiques.
Les zaydites rejettent-ils les imams des duodécimains ?
Non. Contrairement aux ismaéliens ou aux waqifites par exemple, les zaydites considèrent que les imams comme l’imam Ali Al-Redha ou l’imam Mohammad Al-Jawad n’ont jamais réclamé l’imamat. Ils les considèrent comme imams de la science en tant que référence religieuse. Ils les respectent et rapportent énormément de hadiths qu’ils leur attribuent, surtout de l’imam Zayn Al-Abidine, Al-Baqir, Al-Sadiq, Al-Kadhim et Ali Al-Redha, que la paix soit sur eux.
Il est à noter que, comme les ismaéliens et les ibadites, les zaydites ne reconnaissent pas l’authenticité du hadith des 12 califes présents dans les sources sunnites et imamites.
Les duodécimains rejettent-ils les imams des zaydites ?
Ils rejettent l’affirmation zaydite qui soutient qu’ils sont imams, oui. Mais par exemple dans le cas de Zayd ibn Ali (as), l’avis majoritaire des imamites est qu’il ne s’est pas révolté pour réclamer l’imamat pour soi-même – comme le prétendent les zaydites – mais pour reprendre le califat et le redonner à l’imam Al-Sadiq (as). C’est pour cela qu’il est très souvent loué dans bon nombre de hadiths duodécimains.
Par exemple : Quand l’Imam Ja’far Al-Sadiq (as) a entendu la nouvelle de la mort de Zayd (as), il pleura puis dit : « Nous appartenons à Dieu et c’est à lui que nous retournons. C’est auprès de Dieu que mon oncle se confia. Quel bon oncle il était. Mon oncle était un homme pour notre bas-monde et notre au-delà. Il est parti, par Dieu, mon oncle, en tant que martyr comme les martyrs qui sont morts avec le messager de Dieu (sawas), Ali, Al-Hassan et Al-Hussein (que la paix de Dieu soit sur eux) »
‘Oyun Akhbar Al-Redha, Al-Saduq, vol 2, page 228.
Les sources
Les sources des deux courants sont différentes.
Les duodécimains disposent de plusieurs livres fondamentaux de hadiths compilés pour une bonne partie au 9-10è siècles et se basant sur des écrits à l’époque des imams mais aussi des transmissions orales.
Les 4 plus importants sont « Al-Kafi » d’Al-Kulayni, « Al-Istibssar » et « Al-Tahdib » de sheikh Al-Tusi ainsi que « Man la Yahduruhu Al-Faqih » d’Al-Saduq.
Les zaydites disposent aussi de leurs propres sources comme « Musnad Zayd ibn Ali » et « Amali Ahmad ben Ismael »
Les autres différences
Les zaydites considèrent que le mariage temporaire a été abrogé du temps du Prophète, les imamites considèrent que cela n’a jamais été le cas. Il se lave les pieds lors des ablutions alors que les imamites les essuient. Ils disent comme les imamites « hayya ala khayri l-‘amal » dans le adhan mais et n’y font pas de mention (recommandé dans le chiisme duodécimain) de l’imam Ali (as).
Il ne croit pas à al-raj’a ni à l’occultation. Leur croyance de l’imam Mahdi est semblable à celle des sunnites mais en général ils ne consacrent pas beaucoup d’importance et focalisation sur ce sujet.
Les autres similarités
Les deux branches – avec les ismaéliens, ibadites et mutazilites – considèrent que le coran est créé et qu’on ne peut voir Dieu le jour du jugement.
Ils ont des avis négatifs sur bon nombre de compagnons mais ce phénomène est beaucoup plus fort et élargi chez les duodécimains.
Salam.je suis très content de votre éclarage